Dans un contexte où la désinformation et les fausses nouvelles prennent de plus en plus de place, les jeux vidéo anti-désinformation se font une place aux États-Unis. Entre outil de sensibilisation et solution miracle, ces jeux sont-ils réellement efficaces pour lutter contre ce fléau ou ne sont-ils qu’une arnaque de plus pour contrer un problème complexe ?
Utilisation des jeux vidéo pour contrer la désinformation #
La question de savoir si un jeu vidéo peut apprendre à résister à la désinformation est de plus en plus pertinente. En mai, le Centre d’Engagement Global (GEC) du Département d’État américain a lancé une proposition encourageant la création d’un jeu qui développera une résilience cognitive à l’autoritarisme et promouvra les normes démocratiques. L’idée est d’utiliser des jeux de type bac à sable comme Minecraft, Roblox ou Fortnite, où les participants peuvent explorer des mondes virtuels et partager des expériences.
Les principes de l’« inoculation » #
Le GEC souhaite tirer parti du domaine émergent du pré-bunking—une méthode d’alerte contre la désinformation avant de l’être confrontée—pour améliorer les compétences en littératie médiatique. Cette approche, appelée « inoculation », s’apparente à un vaccin psychologique contre la désinformation, formant les individus à identifier et rejeter les mauvaises informations.
Des précédents dans l’utilisation des jeux vidéo #
Le recours aux jeux vidéo pour lutter contre la désinformation n’est pas une idée nouvelle. Des organisations comme le Bureau de Lutte contre le Terrorisme des Nations Unies et l’Agence Suédoise de Défense Psychologique ont exploré cette voie depuis longtemps. Cependant, l’efficacité de ces initiatives varie grandement.
Les défis des jeux vidéo sérieux #
Les jeux sérieux, qui visent plus que l’amusement, posent des défis. Bien qu’ils soient efficaces lorsqu’ils sont aussi amusants, créer un jeu qui est à la fois divertissant et éducatif est un défi ardu. Le GEC se concentre davantage sur les résultats que sur le plaisir des joueurs, ce qui peut limiter l’efficacité globale de ces jeux.
Les enjeux politiques et les limites #
Le GEC et d’autres agences gouvernementales font face à des obstacles politiques considérables. Les initiatives pour réguler les contenus extrémistes sur les réseaux sociaux se sont heurtées à des résistances, notamment de la part de la droite conservatrice américaine. Cela complique davantage la tâche de ces agences dans leur lutte contre la désinformation.
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L’impact des jeux vidéo sur le long terme #
La recherche a montré que les efforts pour utiliser les jeux vidéo à des fins de politique étrangère ou dans la promotion des droits humains rencontrent des succès mitigés. Des jeux comme This War of Mine ou LifeRun de la Croix Rouge internationale, bien qu’influents, ont une portée limitée en raison de leur distribution restreinte.
Qu’attendre de ces initiatives? #
Malgré une forte inspiration et de nombreux précédents, il reste à voir si l’idée du GEC de créer un jeu vidéo pour contrer la désinformation sera couronnée de succès. Les expériences passées montrent qu’il existe une différence notable entre les promesses et la réalité. Les jeux vidéo peuvent être une voie d’accès facile à la lutte contre la désinformation, mais il est essentiel d’avoir des attentes réalistes quant à leur efficacité.
Conclusion prudente #
La lutte contre la désinformation est avant tout un défi politique plutôt que technique. Si les jeux vidéo peuvent aider à sensibiliser et à former, ils ne résoudront pas l’ensemble du problème. Néanmoins, dans un contexte politique complexe et parfois hostile, ils peuvent offrir une alternative intéressante aux méthodes traditionnelles. Cependant, il convient de garder nos attentes en perspective et de continuer à explorer d’autres moyens plus efficaces pour lutter contre la désinformation.